5 - La méthode historique comme révélation du non-dit et connaissant du non-su

La méthode historique est un concept de base. La problématique qui lui donne naissance ne nous intéresse pas dans cette partie. Nous voudrions simplement montrer comment cette méthode doit opérer. Le champ de son application est délimité par le non-dit et le non-su.

I / La révélation du non-dit

La constitution de la méthode historique a pour effet de révéler le non-dit. Sera révélé le non-dit de la méthode dont elle est le renversement – le néo-kantisme. Sera révélé de même le non-dit de l’ensemble historique qu’elle s’est fixé.

Le non-dit peut se définir à quatre niveaux.

C’est d’abord le non-dit strictement idéologique. C’est l’épistémologie constituée en méthodologie de l’occultation. La science bourgeoise ne dit pas le non-dit et a pour fonction de masquer ce qu’elle ne dit pas.

La révélation du non-dit sera donc à ce premier niveau la révélation de cette méthodologie de l’occultation.

Le non-dit se définit à un deuxième niveau. Le non-dit est l’infrastructural. L’infrastructural est le non-dit. La réalité concrète qu’il propose – l’ordre du travail, l’ordre du marché et l’ordre de l’institutionnalisation idéologique – est nié et est négation. Elle est niée par le savoir, l’idéologie. Elle est négation de l’être. Niée ou négation, la réalité concrète de l’infrastructural est non-dit.

Le non-dit se définit à un troisième niveau. C’est la contradiction de classe. Ce non-dit est conséquence du deuxième niveau. L’intrastructural détermine les classes qui se créent sur ce non-dit, sur cette occultation. La contradiction existentielle, politique et économique des classes est non-dite par la bourgeoisie.

Et ce troisième non-dit autorise le quatrième niveau de définition : le relationnel. Le relationnel est non-dit, connivence des non-dits. L’inconscient de classe est ce non-dit qui rend possible l’échange et l’existence. Le non-dit est ici structure, trame nécessaire de l’interdépendance.

Voilà quelle est la révélation du non-dit par la méthode historique. Comment cette révélation est-elle possible ? Par la connaissance du non-su.

II / La connaissance du non-su

La méthode historique, en disant le non-dit, produit une connaissance du non-su. Le non-dit peut être un connu, puis un occulté. C’est même ce qu’il est au niveau épistémologique. Tous le connu des trois autres niveaux du non-dit - infrastructural, contradiction de classe et relationnel – est occulté. C’est même la fonction de l’idéologie. La méthode historique permet alors la connaissance d’un non-dit qui passe par un non-su, mais qui est en fait seulement l’apparence de l’ignorance, fausse naïveté. La méthode historique dira par ailleurs et dans la continuité de ce faux non-su, l’épistémologie révolutionnaire, le non-su des rapports de classes et du procès de production dans l’ensemble du pré-capitalisme. Tout ce secteur historique jusqu’ici volontairement non-su par le non-dit sera décodé. Alors la connaissance du non-su est le décodage du non-dit.

La méthode historique est révélation du non-dit parce que connaissance du non-su, de classe. Aucune figure existentielle, aucun moment de l’histoire, aucune médiation, tout le sujet sera connu par la méthode historique. La pratique de classe qu’est le non-dit sera dénoncée et reposée dans sa nécessité historique : la lutte des classes exploitées contre les classes exploiteuses.

La méthode historique dépasse la scission radicale du producteur et du consommateur pour en dire les entendus. Elle dit la dualité qui n’est possible que par ce non-dit et ce non-su.

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