29 - Subconscient, inconscient, conscience

Subconscient, inconscient, conscience sont des places fortes de la métaphysiques, de la philosophie, de la psychanalyse et du structuralisme. Le réalisme reprend leur définition et radicalise leur contenu.

Nous allons d’abord dire comment on peut distinguer deux inconscients, puis nous verrons comment la genèse du sujet est élaboration, acquisition et praxis du subconscient, de la conscience et de l’inconscient.

I / Les deux inconscients

Il y a deux inconscients : l’inconscient de la pensée sauvage et celui de la pensée historique.

L’inconscient du primitif est un inconscient simple, constitutif du moindre relationnel, du moindre écart historique. Il est immanent à l’entendement, comme le dit le structuralisme, mais parce qu’il y a moindre écart historique. La moindre distance entre l’inconscient et l’entendement est moindre structuration. L’un et l’autre ont en commun le plus pauvre. C’est parce que la pensée primitive est arrêt ou absence d’histoire que l’inconscient s’organise sur le seul équipement phénoménologique. En effet, la double articulation du langage, signifiant-signifié, autorise une histoire lorsque le signifiant est élaboré par l’économique, le politique, le relationnel. La distance entre le signifiant et le signifié est la distance histoire. La pensée sauvage ne manie – comme le dit bien la phonologie structuraliste – que l’appareil physiologique, la moindre technicité du corps adulte. Le langage confond nature et entendement car l’entendement n’a jamais pu s’en éloigner, s’en détacher. L’inconscient du sujet historique est tout autre, et il est difficile de le confondre, comme le voudrait le structuralisme.

L’inconscient autorisé par un champ de production historique est un devenu élaboré, accumulation du savoir. Cet inconscient est comme négatif de l’inconscient primitif, son dépassement, son éloignement. Cet inconscient est la conséquence non-dite et non-sue de l’arrachement de l’être à son étymologie, la conséquence du passage d’une économie inexistante à une économie pré-capitaliste. Puis cet inconscient se charge de tout le parcours macro-social et individuel. Comme fin, il est l’inconscient collectif, la commune acceptation de classe de l’oubli du référent infrastructural, son oubli nécessaire dans la dynamique mais exploité dans la structure par la bourgeoisie.

Aussi remplacerons-nous inconscient par négatif. Le négatif est le non-conscient, un acte politique. « L’inconscient est le négatif selon les rapports de classe. »

L’inconscient historique est donc constitutif du plus grand relationnel possible, de sa plus grande structuration établie. Le sens de l’inconscient vient de ce relationnel, de son élaboration.

II / Le subconscient et l’inconscient du corps-sujet

La genèse du sujet explique comment le corps-sujet accède au politique et au relationnel. Ce qui peut paraître comme le plus naturel, ce par quoi le sujet universel se constitue, le trait commun au primitif et pré-capitaliste, le corps est aussi culture.

La dualité conscience-subconscient renvoie à deux moments historiques du développement du corps. La relation subconscient-conscience est dialectique. Elle se distribue selon deux grands moments.

Dans un premier moment, on peut admettre trois stades. Au premier stade, de l’organico-affectif, le désir est dynamique, première conscience qui tient réveillé le bébé. La satisfaction du désir est sommeil, premier subconscient.

Au deuxième stade, du sensori-moteur, le corps est geste, présence au monde par la praxis des mouvements. Cette présence est la conscience, dépassement du premier stade qui devient subconscient.

Au troisième stade, de la perception et de la sensation formalisées, les deux autres stades sont dépassés, rejetés dans le subconscient. Le corps-sujet a atteint à un degré de conscience supérieur. Ainsi s’achève ce premier moment. Mais il sera totalement dépassé lui-même par le deuxième moment qui est celui du passage aux conduites politiques, le corps étant constitué. Le corps sait maintenant les conduites « naturelles ». il va apprendre les conduites politiques. Cette première rencontre avec le politique suppose que tout le passé du corps, passé non-historique, soit homogénéisé. C’est le premier subconscient. Ce premier subconscient est opération de négation du politique, son refus par la somme qu’est le corps. C’est la sexualité, et dans la sexualité, ce moment où tout le subconscient se fait acte, la sensualité. Le deuxième moment de la sexualité sera au contraire la subordination de cette sexualité première, de cette sensualité, par le politique. Le subconscient devient non-dit.

Le sujet peut passer à l’acquisition de la conscience du politique qui le conduira à la conscience politique, la raison dialectique.

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