27 - Existentiel : organique + biologique + subjectivité

La stratégie de l’idéalisme subjectif est de proposer l’existentiel comme le lieu de la liberté, domaine inviolable. Ainsi, l’obstacle au savoir est la garantie de la libre expression du corps, de l’individualité et de l’intimité. L’existentiel est ce vécu structuré par la personnalité, ce secteur diffus du relationnel et de l’être où l’affectivité peut se développer dans toutes ses figures psychologiques.

Le réalisme radical va réduire cette interprétation et la déterminer en fonction d’une logique du relationnel.

I / Le biologique

Le biologique est à la fois une structure et une dynamique. Comme structure il est individuel ou collectif.

Le biologique individuel, pur, élémentaire, sans activité aucune est le sujet à la naissance. Le biologique sera structure de base. Le premier moment du sujet sera le passage de ce biologique à l’affectif : l’organico-affectif. Le biologique pur est donc la première substance de l’être, le corps.

Le biologique collectif est le macro-social ou le micro-social, famille ou Cité. C’est aussi une structure de base, ce sur quoi et dans quoi le collectif repose et évolue.

Comme dynamique, le biologique est pulsion étymologique (le panique), continuité de la vie et même débordement.

La dynamique tend à dépasser dès l’origine le biologique en profitant de la continuité garantie par lui pour élaborer des conduites et des structures d’émancipation de contrôle. La continuité naturelle du biologique est aussi la permanence du panique, culturel, présence de l’être élémentaire dans le moindre relation.

La dynamique devra alors profiter de la continuité structurale – l’accession du corps-sujet aux conduites de maturité, la garantie de la sérénité familiale, la succession – en soumettant la nature à la culture. L’histoire du pré-capitalisme est aussi l’histoire de cette soumission. L’équilibre entre l’économique et le biologique mettra longtemps à se faire. Il a pu être rompu positivement – expansion urbaine, poussée démographique – ou négativement – famine, mortalité, disette.

II / L’organique

Le biologique individuel ou collectif se dépasse dans l’organique.

Le premier moment du sujet sera le passage du biologique à l’affectivité, à l’organico-affectif. Le corps apparaît au monde dans sa singularité. Il est déjà première acceptation du relationnel, soumission aux stimuli extérieurs. Les formes a priori de la corporéité, dans le principe, sont constitutives de l’organico-affectif. Elles sont la conséquence de cette dualité, de cette complémentarité. Et en elles-mêmes elles sont aussi, et déjà dépassement de l’organique, dynamique vers d’autres moments.

Le relationnel ainsi établi conduira par diverses étapes au politique, acceptation par la subjectivité d’une participation à l’objectivité des rapports macro-sociaux. Le politique est constitutif de l’organique, aboutissement du devenir-sujet.

III / La subjectivité

Les rapports les plus immédiats, les plus intimes, les plus secrets ne sont que la conséquence d’un processus d’échange qui prend sa source dans les pulsions biologiques et l’organico-affectif. L’intersubjectivité est faite de culture. Partant la culture est phénomène du relationnel. Ainsi, la bourgeoisie de robe opèrera au niveau macro-social, d’une classe, le passage de l’organique au politique. Par l’attitude réflexive elle intègrera tous nouveaux matériaux et évènements et auto-régulera la classe. Ces deux réductions sont appréhensions de l’organique et du biologique et leur structuration. La bourgeoisie de robe ne fait que reprendre, dans un lent processus de psychologisation, le relationnel macro-social, l’échange inter-groupes. La culture est alors l’ensemble d’acquisitions qui permettent à l’individu d’assumer la structure dont il est élément et conséquence.

Le romanesque dira toutes les figures de l’existentiel en fonction de son parcours et de son élaboration. Mais alors l’intersubjectivité est la pratique de l’existence qui cache l’idéologie. Dans le procès de production, c’est la production de l’infrastructural qui produit les biens qui autorisent une économie de marchés qui concrétisent les rapports de classes.

Ces rapports de classes sont la grille interprétative de l’existentiel, à deux niveaux.

Elle autorise, par un effet superfétatoire, le lieu d’une liberté incontrôlable. Elle permet l’émotion, permanence du panique comme retour à l’organique ou esthétisation, c’est-à-dire fabrication abusive d’une forme de consommation.

L’existentiel, comme consécutif au procès historique, est irréductible. Seule, l’interprétation idéologique de l’idéalisme peut être dénoncée.

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