26 - Le mondain, codification du sexe et de la sexualité

Le mondain est codification du sexe et de la sexualité.

I / La sexualité, dernier moment du sujet

Le sujet se produit selon des moments par lesquels le corps, puis la subjectivité, sont progressivement élaborés. L’histoire logique du passage des conduites « naturelles » aux conduites politiques, la dynamique du sujet concrétise une lente mutation de l’organique au politique. Le cycle de mutation est en effet situé entre le macrosocial et le couple, entre le couple et l’enfant, entre l’enfant et les conduites sexuelles. La sexualité ne prend forme en effet qu’après toute la série des acquisitions corporelles, après l’actualisation des formes a priori de la corporéité, actualisation qui donne au corps-sujet accès au relationnel familial, à l’intersubjectivité, à la reconnaissance des autres. La sexualité sera en fin de parcours la confrontation des conduites acquises du corps et des conduites politiques. Aussi faut-il bien distinguer deux moments de la sexualité. La sexualité sera d’abord affirmation d’elle-même. C’est la puberté. Puis la sexualité sera niée par la société civile, le politique, le relationnel, codifiée par le non-dit, codifiée e non-dit : ainsi l’organique s’éprouvera comme singularité. Dans l’individu personnalisé, ce sera la confrontation déchirante et fixiste de la sensation étymologique et des conduites politiques apprises. Le sujet rencontre la contradiction de son présent dans son passé.

II / Le sexe, à priori naturel politisé

Les rites d’initiation chez l’enfant ont conduit le sujet au politique. La sexualité est régulée. L’instinct sexuel, le panique, la dynamique d’en bas ont été jugulés, équilibrés, achevés.

Mais l’a priori naturel qu’est le sexe, cette fatalité de la nature, cette distinction va être progressivement élaborée au niveau socio-politique. Les rôles vont se distribuer en fonction de cette élaboration du sexe, de cette culture de l’a priori naturel. C’est la dichotomie virilité/féminité, distinction politique d’une donnée naturelle, opposition substituée à une distinction.

La sexualité politisée est le sexe. Le sexe est la continuité macro-sociale du devenir du corps-sujet, son aboutissement. Le sexe est la sexualité dans la société civile, dans le mondain.

III / Le mondain

Le mondain est à la fois structure et dynamique.

Comme dynamique, il est code de classe, reconnaissance des sexes dans la sociabilité. La sexualité socio-culturelle qu’est le sexe autorise une logique des signes que l’idéologie va systématiser. La fin du profit, la finalité de l’extorsion de la plus-value est le pouvoir sur le sexe. Le mondain est la réalisation concrète du principe de plaisir par le sexe. La reconnaissance des sexes dans la sociabilité est le dépassement des contradictions de classes, internes. Le mondain est la dynamique qui permet, par le système des signes, de trouver le mode de réconciliation.

L’attraction sexuelles est la solution, au niveau des personnes, des conflits de classes.

C’est le rôle et le destin politique du sexe que de donner l’ensemble des signes qui autorisera par son utilisation, la reconnaissance des subjectivités et non plus des consciences de classes : la genèse du sujet conduit à la personne sexuelles dans le mondain par le politique, le culturel et le macro-social en général.

Mais les conduites mondaines si elles sont codifications du sexe, ne sont pas pour autant des expressions naïves ou éternelles.

Si le mondain est l’aboutissement de classe, la dynamique qui actualise le plaisir et la consommation, c’est qu’il est production historique, structure.

Comme structure, le mondain, le statut mondain, est autorisé par l’idéologie du signe. Et cette idéologie est l’accumulation culturelle de l’ensemble du champ de production qui en a produit les conditions matérielles des possibilités, le superstructural.

La structure mondaine, comme effet superstructural, est la conséquence stratifiée de trois moments de l’ensemble historique.

D’abord, la première vie mondaine est l’accomplissement de la vocation féodale : la pacification. La fréquentation, le relationnel de Cour autorisé par cette pacification est la vie mondaine. Cette vie est vie autonome, vie d’un groupe qui dicte ses propres lois et ses propres contraintes. C’est la Cour qui est le mondain, le lieu du mondain. Ce mondain est structuré selon la relation suzerain-vassal d’une part. Cette relation est sue, politiquement vécue. Mais ce mondain est aussi structuré selon la relation non-dite, suzerain-vassal-femme. Le mondain trouve sa triangulation structurale. C’est que l’Amour Courtois, la relation des sexes, a pour fondement matérialiste la politique de regroupement des terres. C’est pas le statut mondain de la femme que la féodalité peut opérer ce regroupement, atteindre à la pacification. La première vie mondaine est codification du sexe. La Renaissance apportera le second moment du mondain. La valeur marchande n’est pas valeur de la plus-value, mais valeur mondaine. L’objet vaut pour le modèle mondain qui le permet, vaut pour le signe qu’il autorise.

C’est l’apogée du mondain.

Le troisième grand moment du mondain sera le salon et le libertinage. Là, le prestige mondain de la personne est toute la personne. Le mondain est autonome, équilibré. Le signe signifie sans aucune référence à ce qui l’a produit. Le sexe vaut pour lui-même, pour la séduction qu’il permet, pour le pouvoir qu’il donne. Le mondain est structure.

Le mondain n’est pas tout le relationnel des sexes. La praxis familiale réduit le mondain et la classe exploitée en est totalement frustrée.

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