23 - La théorie du besoin

La théorie du besoin est assez complexe. Le besoin se détermine selon trois moments, dialectisés entre eux. Ces trois moments sont ceux du sujet, de la Cité et de la production.

I / Genèse du sujet et besoin

L’assouvissement du premier besoin procure le premier plaisir. Le besoin n’a alors que deux moments : le moment du désir et le moment de sa satisfaction. La moindre spatio-temporalité entre le désir et sa satisfaction, moindre spatio-temporalité pourtant inévitable, exaspère le besoin. L’affectivité permettra l’assumation de ce décalage puis autorisera une dialectique du dépassement, notamment par le langage. En effet, l’accession au relationnel collectif passe par une mise à distance des nécessités immédiates.

II / Cité et besoin

Dans ce processus de dépassement, le père est l’élément dynamique, actif. Il impose un contingentement, une politique de la satisfaction, une hiérarchie des désirs, une détermination objective des besoins. Le besoin n’est plus un acte organico-affectif mais une des composantes du macro-social. Il est devenu consommation. Le sujet a accédé à des conduites de maturité, il a accédé à la Cité. Les besoins sont assumés.

III / Production et besoin

C’est le référent absolu, la déterminante majeure. La dialectique besoin-production est historicité. En un premier temps, au niveau d’une production cellulaire agricole et même agro-forestière, le besoin est satisfait immédiatement. Il y a égalité de la production et des besoins immédiats. Il n’y a pas d’autres besoins que ceux immédiats.

En un deuxième temps et avec l’urbanisation grandissante – même explosive – un décalage se crée entre la satisfaction des besoins immédiats et la production. Le collectif crée de nouveaux besoins, hiérarchisés par rapport à ces besoins immédiats. Les besoins sont médiatisés. Le corporatisme, structure de production urbaine, va permettre ce décalage des besoins, ce hiatus entre le désir et l’objet.

En un troisième temps, nous avons la conséquence historique politique des deux premiers. La consommation s’est stratifiée. Le corporatisme et le commerce ont fait naître une hiérarchie verticale des métiers et des besoins. Le décalage entre l’objet et sa consommation a permis le luxe, c’est-à-dire la valorisation du produit en fonction non de la production mais des potentialités d’achat. Le référent superstructural a remplacé le référent déterminant majeur.

Le besoin et sa satisfaction hiérarchisée par l’histoire de la lutte des classes marquent la distance entre l’organique et la politique.

Surmonter l’organique, c’est surmonter le besoin. Surmonter le besoin, c’est accéder au politique. Mais l’accession au politique est l’accession à une classe sociale dominante.

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