L’emploi systématique du mode « code » est nouveau. Nous étudierons ce concept selon le plan suivant : premièrement, nous verrons ce que l’on appelle l’épistémologie du code. Deuxièmement, nous retrouverons la progressive réduction de l’être par le code. Troisièmement, nous situerons le code comme moment.

I / L’épistémologie du code

L’être n’est pas une substance ontologique donnée en soi, substrat, réduction maximale de l’individu, présence transcendantale de la nature. L’épistémologie du code indique que l’étude ontologique va du code à l’être. L’épistémologie révolutionnaire du code est le renversement de l’épistémologie bourgeoise. L’épistémologie du code dit le non-dit, la négation de l’être par le procès de production, dans sa logique. La double révélation du réalisme radical est l’être et le code. Mais l’être ne se révèlera que par le code. La variable être-code est historique, politique, économique. Le décodage du discours de la classe dominante, du savoir bourgeois donne la codification de l’existentiel. La relation être-code est une relation épistémologique. Le savoir fonde l’être.

Le passage de l’être au code est la progressive réduction de cet être par ce code.

II / La réduction de l’être par le code

La réduction de l’être par le code se fait en trois moments, homogènes et contemporains, moments de l’ensemble historique.

D’abord, l’être est soumis à la causalité économique, à la logique de la production, intégré dans la nécessité structurale. C’est l’implantation du champ de production homogène, le système féodal. Ensuite c’est l’avènement de la bourgeoisie de robe, la première approche du sensible par la raison. C’est l’entendement, la codification culturelle et politique. Le code crée alors l’existentiel. C’est la deuxième grande négation superstructurale, après le mode culturel typique de la structure féodale : le mythe. Mais le mythe comme immédiate expression des rapports de production et des forces de production n’était pas à proprement parler une codification. C’est la lente élaboration psychologique de la bourgeoisie de robe qui fera que l’existence même de cette bourgeoisie sera code.

Enfin, la subjectivité est soumise au superstructural. Le sujet, par l’acquisition des conduites de maturité, se soumet à l’ordre politique, s’intègre dans la cité, dont il accepte le code par les rites d’initiation et dont il devient un des éléments. Ici, il faut insister sur le rôle du langage. Dans l’acquisition des conduites de maturité, le langage permet le passage de la structure familiale à la structure macro-sociale qu’est la cité. Le langage est le code de la cité. Il n’est que cela. L’acquisition de la fonction symbolique par le sujet n’est importante que comme signe de son accession au collectif qu’est la cité. Le code est un moment, le moment de la cité.

III / Le moment du code

Comme aboutissement du devenir de l’être, le code n’est qu’un moment de ce devenir et non sa fin. Ce moment est celui de la cité.

Il y a donc un avant code, ce moment où la bourgeoisie de robe accède aux jugements, expression individualiste du savoir, statut et fonction des notables. Mais l’avant code est aussi le moment du droit naturel et du sentiment, ultime résistance du clerc et en même temps accession de l’être à la rationalité, au savoir.

Comme relation la plus élaborée de la nature et de la culture, le code est cité.

Les rapports être-code, l’étude de la variable faite dans l’ensemble pré-capitaliste, l’ensemble étudié lui-même ne finit pas l’exposé de l’épistémologie du code. L’étude du passage de l’être au code est diachronique. L’être révèle le code mais le code révèle l’être. L’étude de la modernité ne devrait d’ailleurs pas l’achever non plus, seule l’histoire peut en opérer le dépassement.

 
Retour sur la page principale "La logique du concret".