Alès : l’innommable Palais de Justice

Le Jeudi 8 Juin 2017, Riochet se présente au Palais de Justice d'Alès. C'est un Jeudi. Depuis quarante ans, Riochet ne parle pas ce jour : une pratique qu'il s'est imposé et qui apprend à enfin fermer sa gueule.
Pour parfaire sa présentation au Palais de Justice, il a affiné – comme un bon vieux camembert – sa vesture. Un chapeau de paille d'Italie portant cocarde rouge et colombe de la Paix de Picasso que Henri Krasuki, secrétaire général de la CGT lui a offert en 1991. Il y a donc 25 ans. Un tee-shirt de très belle qualité floqué du fameux portrait de Che Guevara. Tee-shirt noir, portrait rouge. Un short rouge du plus bel effet. Dehors, 37°degré. Une paire de tennis neufs dépareillée : une plutôt blanche, l'autre plutôt bleue, avec de la couleur partout. A la main, une canne blanche. Au cou, une large minerve noire. 

En dehors d'être gravement miro, il est atteint d'une ACP, arthrose cervicale paralysante. Pour achever le tableau, il porte un sac à dos rouge et noir, équipement de "survie" conforme aux prescriptions pratiques d'un spécialiste du genre, Gandhi. Du haut de ses 1m60, 54kg et 73 ans, sans oublier la barbe blanche et la queue de cheval vaguement grisée, il se présente à l'accueil du Palais de Justice d'Alès.
Il a à la main un volumineux dossier (jaune) portant la mention "U.I Urgence Immédiate", il vient le remettre au Procureur de la République.
Le préposé, fonctionnaire s'il en est, manifestement et honorablement homosexuel, papotant au téléphone avec une nouvelle relation privée à qui il donne son email personnel, n'a absolument pas le temps, ni l'envie d'accueillir un hurluberlu pareil. Prenant enfin le dossier, il donne congés à l'impétrant. Celui-ci refuse de quitter les lieux et entend bien être en présence d'un responsable.
Dans le numéro 9 de R.net, on aura un compte-rendu plus détaillé de l'incroyable agression dont Riochet fut alors victime.
On est tout de même dans un Palais de Justice de la République Française.
Une fonctionnaire, qui ne se nomme pas, condescend enfin après près d'une heure d'attente à venir dans cet immense hall voir cet iconoclaste assis tout au fond dans un petit coin sombre où il a été installé afin de disparaître. Elle dit : "Je transmets ça au Procureur de la République".
On vous passe les détails croustillants : résultat : le Palais de Justice dans sa toute puissance légitime et notable, en vint à demander à l'Hôtel de Police d'Alès l'expulsion violente de l'emmerdeur public.
A la suite de quoi, Riochet sera emprisonné de 15h00 à 2h30 du matin dans une cellule de dégrisement, gentiment menotté à l'extrême, tout aussi gentiment tabassé avec une science aboutie des coups qui ne laissent pas de trace.
L'adjudant-chef Robert, fort de ses probables plus de 100 kilos et 1m80 largement dépassé, n'hésitera pas à saisir d'une poigne de gorille le salopard par le cou pour le redresser du pavé du hall du Palais de Justice d'Alès où il s'était allongé, appuyant habilement ses bons gros doigts sur les vertèbres cervicales, ce qui ne laisse pas de trace grâce à la minerve. Il eut l'élégance raffinée du marquis de Sade et lui murmura à l'oreille : "ça fait mal, hein?".
L'impétrant, relut alors dans sa tête la merveilleuse nouvelle de Villiers de l'Isle-Adam des "Contes cruels", intitulée "L'espoir", nouvelle dans laquelle ce formidable écrivain français montre que la violence invisible sait être verbale. Le Grand Inquisiteur, tortionnaire chrétien, parvenu au bout de sa persécution murmure lui aussi tendrement à l'oreille du Grand Rabbin d'Espagne, qui ne veut pas se convertir : "C'est beau l'espoir, n'est-ce pas?".
L'enregistrement que l'on peut écouter ici rend assez mal compte de cet événement qui – si l'on va jusqu'au bout – relève non seulement d'un Tribunal d'Instance, d'un Tribunal de Grande Instance, d'une Chambre d'Appel, d'une Cour d'Assises, d'une Cour Européenne de Justice et en fin de bons comptes du TPI Tribunal Pénal International.
L'abruti de Riochet pense que, en effet, l'espoir, c'est beau, l'espoir fait rire.

Le fameux adjudant-chef Robert, très visiblement fou furieux et gravement outragé dans son rôle de cow-boy, se rendant compte de ce qu'un portable dans la main droite enregistrait. Il saisit de cette même poigne de gorille la main en question et sans guère forcer tenta de broyer l'appareil. L'écran éclate et comme dirait Bourvil à Defunès dans "La belle américaine" : "C'est sûr maintenant, ma 2 chevaux va moins bien marcher".

A Riochet qui lui pointait du doigt les caméras de surveillance de ce bel hall du beau Palais de Justice d'Alès, le Cow-boy ricana, comme John Wayne dans "La prisonnière du désert" : "Je m'en fous, je suis à la retraite dans 2 ans".
A bien y réfléchir, il est probable que cette réplique n'est pas dans "La prisonnière du désert", le plus beau western de tous les temps, où Nathalie Wood balade sa puissance de comédienne et sa révolte de femme responsable et lucide.
R.net détient ainsi une cinquantaine de documents, de preuves et de témoignages particulièrement accablants.
En tout particulier cher "Adjudant-chef Robert", une canette de bière avec empreintes digitales et traces ADN a été déposée chez un notaire : "elle s'est retrouvée comme par magie policière dans le sac à dos du prisonnier, sac à dos alors sous scellés que le prisonnier a refusé de reconnaître.
Il faut croire que dans cette honnête police occitane, tous les coups sont bons, puisque ce même "Adjudant-chef Robert" (c'est ainsi qu'il se nomma) martela par 4 fois dans le véhicule de fonction qui conduisait le criminel menotté en cellule : "Je vais le tuer".
Le policier placé à l'arrière du véhicule à gauche du prévenu, sur sollicitation, déclara à haute voix : "Il a dit à 4 reprises 'Je vais le tuer' parlant de quelqu'un". En effet, le Cow-boy pouvait parler d'un moustique qui intempestivement serait venu dans l'habitacle mettre les 3 policiers et le dangereux individu de type européen en danger de mort.
Où sont d'ailleurs passés les 4 millions de dollars qui étaient dans la petite poche de gauche où il a l'habitude de planquer l'argent sale qu'il blanchit.
On se le demande.

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